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UCHRONIE : Faire un pacte avec soi-même avec 

Primavera de Filippi, juriste artiste

 

Uchronie* de l'épisode 16 du podcast "Dites à l'Avenir que nous arrivons"

Quand un papillon
rencontre un panda roux :

génial de te retrouver, Primavera 
Dans ce monde de 2040,

Où le Métavers rend possibles tant de choses  

Restée sur Terre, mais toujours poussée par ce besoin d’explorer,
l’humanité vit désormais dans un monde augmenté
embarquée dans ce Métavers,
univers totalement immersif,
où l’on choisit son identité comme on sélectionnait autrefois ses vêtements.

Je te retrouve sur cette agora animée au cœur de Décentraland,
bruissant du trafic de tout ce qui vole marche ou se téléporte,
et dont la spatialité mixte
les tonalités d’une Toscane lascive de fin d’été
avec celles phosphorescentes de ces nouvelles forêts de Plantoïdes…

L’Exstitut des Futurs souhaitables

y est présente avec son agora delphique et gratuite,

qui accueille tous les soirs des conversations étonnantes,

de celles que l’on rêvait autrefois d’écouter.  

Rien que pour cette fin de semaine :

Pierre Desproges, Hildegarde de Bingen et Beaumarchais sur peut-on rire detout aujourd’hui ?

Ou encore Louise Michel et Jules Vallès sur ce que la Commune de Paris peut apporter au Métavers.

Comme à chacune de nos retrouvailles,
je me suis posé la question de ce que serait ton avatar.
Te voilà donc papillon aujourd’hui,
avec un perfecto rose de surcroit !
De mon côté, j’ai opté pour être un panda roux,
au chapeau d’Indiana Jones, soyeux et doux…

Qui aurait dit que nous puissions ainsi vivre quotidiennement,
mixant nos réalités,
dans un monde où les concepts de genres, d’identités comme d’images ont
profondément mutés.

Je me souviens de nos discussions
C’était au début des années 2020, je crois…
Tu expérimentais déjà, depuis plus de 12 ans, une augmentation lowtech
qui consistait à faire des pactes avec toi-même. 

Le temps d’un mois,

de ces fameux 21 jours et un peu plus pour changer

tu décidais...

de faire exactement le contraire de ce qui t’était demandé

de dire toujours la vérité

ou un autre mois de mentir une fois par jour

de prendre des douches systématiquement froides

ou encore de transformer une journée de 24 heures en une journée de 28 heures, réduisant par la même la semaine de 7 à 6 jours

d’apprendre chaque jour quelque chose de nouveau

ou encore de dire chaque jour à quelqu’un que tu aimes, que tu l’aimes...

Petit à petit, ton expérimentation sur toi-même a donné envie
et nombreux sont celles et ceux qui ont commencé à se hacker eux-mêmes.  

S’émancipant de leurs propres chaînes,
regardant autrement et plus loin,
augmentant leurs capacités,
s’affranchissant de ce qu’ils pensaient être chaque jour impensable.

Le Métavers n’a finalement qu’accentué cette dynamique…

permettant de générer de nouvelles formes

de collaborations,
d’interactions,

d’interconnexions.
Plus extitutionnelles,
loin de nos cadres devenus encombrants,
tels de vulgaires échafaudages désormais inutiles.

Nos enfants ont été les premiers à s’engouffrer
dans cette terra incognita
puisqu’il s’agissait de s’augmenter
sans l’aide de rien ni de personne.
Rejetant la transmission de savoirs descendants,
ils se sont entre-éduqués,
mettant en place du mutual-learning comme de l’apprentissage plusinductif.

Les parents n’ont pas tardé à leur emboiter le pas-sages,

en profitant pour y réaliser leurs rêves d’enfants.

Durable, ouvert, immersif,
le Metaverse a aussi étonnamment permis que soit améliorée
la crise de la consommation de ressources physiques.
En effet, à l’heure du virtuel et de l’augmenté,

si la futilité n’a pas disparu,

plus besoin en revanche de tous ces biens physiques jetables

à l’obsolescence bien programmée.
 

Comme tu l’augurais avec l’expérience de tes plantoïds,

ces créatures mécaniques,

androïdes végétaux devenus réalité de notre environnement,

les machines et les objets sont devenus autonomes.
Grâce à l’holochain, ils récoltent des richesses à la hauteur de ce qu’ils nous apportent,
et les utilisent à dessein permettant de donner naissance aux générations suivantes..

Encore une invitation à reconsidérer notre place.

Un joli prétexte,

comme me le confiait-il n’y pas si longtemps Karine Safa sur un arbre perché,

à nous interroger sur qu’est-ce que l’Humain ?

Et quel est le sens de sa présence sur terre ?

Et bien moi, pour tenter de percer ce mystère.

j’ai le projet de me lancer un nouveau pacte,

dont j’ai l’envie depuis bien longtemps.
Celui de me glisser dans ta peau,
et de devenir Primavera,
un petit mois.

Non pas tant pour t’apprécier encore plus,
mais pour mieux comprendre ta légende.

Et surtout,
pour pouvoir,

une nouvelle fois,

réaliser fondamentalement

combien l’impossible n’est que temporaire.

Un texte de Carole Babin-Chevaye & Mathieu Baudin pour l'épisode 16 du podcast Dites à L'Avenir que Nous Arrivons. Le "JE" désigne ici Mathieu Baudin, le "TU, Primavera de Filippi.

*Uchronie, sur wikipedia : Selon l'inventeur du terme, Charles Renouvier, l'auteur d'une uchronie « écrit l'histoire, non telle qu'elle fut, mais telle qu'elle aurait pu être, à ce qu'il croit ».