2040
Nous déambulons tous les deux d’un pas tranquille et apaisé,
dans une de ces cités esperluettes qui se sont structurées un peu partout sur la planète,
de Dakar à Paris, de Saint-Pétersbourg à Odessa.
Une nouvelle idée de la ville plus que des villes nouvelles.
Où des danseurs bondissants au rythme d’une salsa endiablée virevoltent au milieu d’oratrices enflammées et d’enfants en plein défi de créativité.
Toutes et tous évoluant au milieu d’une nature prolixe,
entourés d’animaux avec lesquels nous respirons ensemble cette ère nouvelle.
Je me souviens de nos échanges. En 2022, je crois. de ton envie de lieux communs partagés - combinaisons d’espaces réensauvagés et de lieux-jardins, accueillant manifestations, rencontres et spectacles toute l’année, pour questionner ce qui fait société
et ce qui est vraiment vivant en nous pour y arriver.
Nous y voilà :
au cœur de confrontations positives,
d’asymétries constructives qui nous invitent à sortir de nos certitudes
pour mieux se rapprocher les uns des autres.
J’en entends ici qui parlent nouvelles modalités pédagogiques à l’école.
Et là, tu les vois ?
Ceux-là examinent l’hospitalité héréditaire, quand d’autres s’animent dans une controverse aux mots profonds et sincères.
Incroyable l’énergie qui ressort de ces échanges ! Imparfaits, mais soignés, tous sont le reflet d’une grande diversité de styles, de combats comme de couleurs, sorte de discothèque de la réflexion, dont tous, jusqu’aux haies vives séparant ces espaces, participent à la préservation de cette biodiversité de pensées. Érigé au statut d’art, le développement de notre capacité à formuler notre raison d’être, révélant notre élan vital, a propagé ce mouvement convivialiste qui t’avait tant inspiré. C’est sûr qu’à se poser la question du sens, on a eu envie de changer les règles du jeu ! Permettant de réinventer le vivre ensemble.
Les grands coups d’arrêts forcés des pandémies successives
ont donné le goût des grandes pauses
pour se reposer et se poser… notamment les bonnes questions.
Nous avons pris le temps, chacune et chacun,
de clarifier nos besoins et demandes puis d’affirmer haut et fort le vivant en nous.
Nous l’avons ensuite fait pour l’ensemble de la société et notamment pour les structures organisationnelles.
Entre les vagues successives de grandes démissions planétaires, du milieu des années 20,
qui voyaient les salariés de tous les pays quitter leurs structures pour allouer leur énergie à un autre devenir,
et l’aversion manifeste du greenwashing et du socialwashing des entreprises,
ces verdissements d’images qui nous faisaient prendre les vessies pour du long terme…
exit le décalage entre ce que l’on raconte et ce que l’on fait.
Exit aussi la dissonance cognitive… source de tant de maux et de violence !
L’idée n’est pas d’être parfait. Plutôt d’être honnête et d’abord avec soi-même.
Nous nous sommes mis à parler, à inviter le débat et la controverse dans une logique de coopération et non de conviction. De nombreuses personnes — plus encore les jeunes — ont aussi travaillé sur leur raison d’être individuelle et leurs aspirations à plus de sens. Les organisations valorisant ces éléments en sont sorties renforcées.
Bien sûr, les nations comme les structures administratives et bureaucratiques ont tenté de sauver l’économie de marché et ses modèles dissonants. Mais la masse critique de citoyens engagés a permis de basculer. Et entre 2028 et 2030, un certain nombre d’États, à l’image du Bhoutan, de l’Islande ou encore de la Finlande, a proposé de nouvelles constitutions.
En France, le questionnement a commencé lors du débat électoral de 2027, mais tout s’est enclenché après les élections de 2032 et le processus de constituante qui s’est mis en place et a fait passer la République dans sa 6e renommée. Il y a tant à faire et tant à repenser,
Nous attendons dans les prochains jours les conclusions du chantier de la décennie qu’avait initié l’Organisation des Nations Unies en 2030, sur le qui sommes-nous et quel sens à notre action ?
Et à cette occasion j’ai entendu dire que ta fille Thaïs,
anticipant les résultats,
a invité à aller plus loin encore
en lançant un appel aux jeunes du monde entier
à se retrouver mardi prochain,
dans toutes les villes et les campagnes,
pour réfléchir ensemble
rien de moins,
qu’à la raison d’être de l’humanité.
Un texte que j'ai co-écrit avec Mathieu Baudin pour l'épisode 18 du podcast Dites à L'Avenir que Nous Arrivons.
*Uchronie, sur wikipedia : Selon l'inventeur du terme, Charles Renouvier, l'auteur d'une uchronie « écrit l'histoire, non telle qu'elle fut, mais telle qu'elle aurait pu être, à ce qu'il croit ».