2040. Dans la forêt de la Beauce.
Incroyable de voir combien cet endroit,
a changé d’allure,
d’échelle
autant que de physionomie,
autour de cette vieille usine d’engrais chimique réhabilitée.
depuis que tu as lancé Communitrees.
Il y a 20 ans, tu parlais de la nécessité de planter 750 000 km de haies,
750 millions d’arbres en plus que de 100 millions de fruitiers.
Avec tes légions de pépinières participatives locales réparties désormais sur tout le territoire,
on s’en approche.
J’ai adoré la journée que nous venons de passer dans ce tiers-lieu hybride
mixant production d’arbres,
centre de rencontres pour les acteurs des territoires,
lieu de formation pour les volontaires comme pour des migrants,
centre d'artisanat et d'industries essentielles locales... qui font de leurs mains, avec la matière première du terroir, des biens nécessaires aux habitants du coin...
Je me souviens de nos échanges :
quand certains semblaient craindre que
tu ne les embarques dans une nouvelle ZAD ,
tu parlais plutôt toi, avec l’enthousiasme qui est le tien,
de nouvelles Zones à Bâtir plutôt que de nouvelles Zone à Défendre,
rejoignant les Zones Où Apprendre A Vivre Ensemble, les Zouaves d’Alain Damasio…
L’esprit était en effet celui de la coopération,
D’aération de la démocratie comme le disait dans les années 20 l’économiste Thomas Piquetty.
Je suis ravi d’assister ce soir
à votre fête de fin de saison de plantation !
Dans ce qui ressemble à un joyeux mélange
entre une fête des voisins et un berlot - cette agapè de fin de vendanges,
tous les parties prenantes seront là ce soir :
paysans, élus, acteurs économiques, citoyens… ensemble.
200 fêtes en simultanées comme tu sais si bien les faire.
dans les 200 pépinières participatives locales de France et d’ailleurs.
Via ce totem qu’est devenu l’arbre,
un véritable lien de confiance et de sympathie a été recréé.
Les groupes qui s’étaient perdus les uns pour les autres
se sont reconnus.
Tous partagent désormais un sentiment d’appartenance à un même territoire.
Votre vaste projet a aussi permis à la biodiversité
de refleurir.
Générant de ce fait de nombreux services.
De ceux que rend une Terre riche et respectée.
La vision du travail de la terre en a été
profondément transformée.
Se sentant utiles,
des milliers jeunes sont venus s’investir
dans ces plantations d’un nouveau genre.
Mais c’est le jour où l’État a consenti à investir dans le capital naturel
sans retour sur investissement
que la mise à l’échelle s’est opérée.
Dans les années 23-24,
reprenant le « quoi qu’il en coûte »,
et prenant acte de l’urgence climatique et environnementale.
la puissance publique a basculée.
C’est au même moment qu’elle a aussi associé chaque entreprise
dans un objectif de neutralité carbone,
et décidé de remettre dans un pot commun
tous les revenus supérieurs à 1 milliard.
Tout cela a permis de financer des missions écologiques volontaires
où les plus jeunes sont venus s’investir,
de quelques jours à quelques années,
sur des missions leur permettant de mettre les mains dans la terre et d’être acteurs de leur devenir.
En parallèle, dans un autre secteur,
Sailcoop, sur laquelle tu t’investissais déjà en 2020,
dispense désormais plus de 20 millions de trajets par an en bateaux.
Soit une véritable alternative à l’avion.
De même, que Fermes d’Avenir participe activement aujourd’hui à la politique Agricole Territoriale.
Bien sûr,
d’autres chantiers d’intérêt général ont émergé toutes ces années,
et que tu as, comme à ton habitude,
poussés,
tirés,
orchestrés,
pour tenter de nouvelles réponses à des problèmes anciens.
Comme celui d’un système permettant qu’on ne puisse plus être aussi riche sans partage.
Où la place de l’argent a été revisitée…
L’empathie enseignée.
Comme la parentalité, d’ailleurs, devenue une discipline du moins un apprentissage.
aidant les parents à devenir parents…
En lisant ce matin
l’évaluation des services écosystémiques rendus,
j’ai mesuré les effets de ce qu’on appelle aujourd’hui la Révolution de l’Arbre.
Les paysans produisent désormais de l’eau potable grâce à leurs sols redevenus vivants.
Ils captent du carbone par leurs nombreuses plantes vivaces et pérennes.
Et la nouvelle PAC, Pacte Agricole Citoyen,
permet à tout un chacun de participer à ce chantier du siècle.
Ce soir, nous célèbrerons les 400 000 km de haies plantées.
Il reste 10 ans pour arriver aux objectifs des 750 000.
C’est déjà en soi une sacrée victoire de fêter pareils chiffres.
Mais la victoire la plus grande
réside dans la réconciliation des jeunes
avec les paysans eux-mêmes.
Qu’on appelle désormais - pour les célébrer - des Paysculteurs.
Un texte que j'ai co-écrit avec Mathieu Baudin pour l'épisode 17 du podcast Dites à L'Avenir que Nous Arrivons.
*Uchronie, sur wikipedia : Selon l'inventeur du terme, Charles Renouvier, l'auteur d'une uchronie « écrit l'histoire, non telle qu'elle fut, mais telle qu'elle aurait pu être, à ce qu'il croit ».