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    Nourrir l’improbable avec Yannick Roudaut, financier

    Uchronie* de l'épisode 14 du podcast "Dites à l'Avenir que nous arrivons"

     

    *Uchronie, sur wikipedia : Selon l'inventeur du terme, Charles Renouvier, l'auteur d'une uchronie « écrit l'histoire, non telle qu'elle fut, mais telle qu'elle aurait pu être, à ce qu'il croit ».

    Dans le cadre de ce podcast, mise en perspective sur les 20 ans à venir d'idées poussées par les invité.e.s de ce podcast dans un texte co-écrit par Carole Babin-Chevaye et Mathieu Baudin, directeur de l'Institut des Futurs souhaitables - lu à l'antenne par ce dernier -, à partir de propos recueillis auprès de l'invité.

     

    2040. Greenland. 

    Nous sommes dans ce qui est l’île la plus grande du monde,

    l’ex-Groenland,

    devenue une terre verte, comme son nom l’augurait,

    accessible désormais en bateau ou endirigeable.

     

    En arrivant te voir, ce matin, je suis tombé sur ta petite fille, Aéla, 11 ans,

    profondément absorbée dans son grand livre d’histoire : « 2020-2035, la Grande Bifurcation ». 

    Passionnant de redécouvrir notre histoire au travers des yeux d’une enfant !

    Par exemple, tournant ensemble quelques-unes de ses pages, nous sommes tombés sur un épisode de 2024,
    où l’on voyait des hommes et des femmes fuir les villes dans de grosses voitures aux vitres fumées.

    C’était donc ça, m’a-t-elle demandé,

    les fameux SUV et 4x4 qui ont tant pollué les villes ?

    Mais pourquoi les voitures étaient-elles aussi grosses ?

    Qu’est-ce que vous aviez besoin de mettre dans ces coffres ?

    Moi je préfère les trottinettes, les trams-bus, les vélos cargos ou mes jambes pour marcher !

    C’est quand même plus simple ! me confiait-elle.
    Tu imagines, comment mes réponses semblaient incongrues face à tout ce que nous vivons désormais !

     

    Le plus drôle a été de la voir réagir face à une photo du livre d’un Mega Centre commercial

    Je connais ça ! s’est-elle écriée, c’est le musée du Gâchis !  

     

    Les pages qui suivaient parlaient de fonte des glaces, d’incendies géants, de sécheresses…

    Jusqu’en 2027.

    L’année de l’Alliance des jeunes du monde.

    Au signe de ralliement désormais célèbre : le double AA,

    pour Alliance et Avenir.

     

    La jeunesse, jusqu’alors peu encline à fréquenter les urnes, a décidé à ce moment-là de se mobiliser pour de ne plus laisser son avenir entre les mains de ses aînés.

    Et le livre resitue en cascade,

    tous les pays d’Europe, d’Amérique du Nord, d’Asie, d’Afrique et d’Amérique latine qui,
    entre 2027 et 2031 ont basculé sous la responsabilité de la première Génération Climat.  

    En 4 ans…

    un séisme politique qu’aucun journaliste ou analyste n’avaient anticipé.

     

    C’est en grande partie grâce aux réseaux sociaux

    que les jeunes activistes du monde entier

    se sont unis sous la bannière mondiale d’Alliance et Avenir

    créant un mouvement post-partisan

    dont la seule finalité était de s’emparer des questions écologiques et sociales avec l’idée simple de les résoudre.

     

    Les décisions sont depuis prises dans des assemblées citoyennes locales, nationales et internationales,
    interconnectées les unes aux autres — cercles concentriques indissociables.

    Chaque circonscription — physique ou virtuelle — désigne une représentante ou un représentant.

    Compétente et compétent sur le sujet.

    Pour un temps limité de quelques semaines ou quelques mois :

    une députée ou un député éphémère. 

    Qui, une fois sa tâche accomplie,

    réintègre la société comme une citoyenne ou un citoyen à part entière…

     

    Avec Aéla, nous sommes aussi tombés sur le chapitre portant sur l’après 2035.

    Où, pour lutter contre les émissions mondiales de gaz à effet de serre,

    chaque humain de la planète a disposé d’un quota de carbone annuel.

     

    Si le numérique fut une des grandes sources de pollution,

    il a indéniablement fait partie de la solution pour nous aider à contrôler nos rejets communs.

    Les dernières projections que j’ai lues parlent même d’atteindre réalistement la neutralité carbone en Europe vers 2058…

     

    Le kilo de carbone est aujourd’hui LA monnaie de référence.  

    Tout se négocie en équivalent carbone,

    des fruits aux déplacements,

    en passant par les objets du quotidien.

    Et ceux qui n’utilisent pas tout leur quota peuvent en revendre une partie à un prix fixé mondialement.

     

    Une fois au pouvoir, les jeunes dont parlait en son temps Flore Vasseur dans son chef-d’œuvre Bigger Than Us ont mis en place ce dont nous rêvions :

    un salaire universel minimum

    pour que toutes et tous

    puissent se nourrir

    et prendre le temps de participer à la vie de la cité.

    Ils ont revu les rémunérations des gens utiles,

    et baissé celles des autres.

    Ils ont organisé de grandes agoras, dans tous les quartiers et dans toutes les campagnes

    pour travailler sur les questions vitales du quotidien :

    comment… se nourrir sans polluer ?

    Comment produire de l’énergie et réduire notre consommation de ressources ?
    Comment se rassembler sans se ressembler ?

     

    Il retrace bien le chemin, ce livre !

    Jusqu’à aujourd’hui, où nous ne travaillons plus que 5 heures par jour ;

    le matin, comme les Romains.

    Les après-midi sont destinés àapprendre, entretenir le potager, marcher dans la nature, faire société avec ses voisins.

    Nous voilà enfin riches de l’essentiel,  

    puisque nous avons du temps !

    Vivant et cheminant avec l’ensemble des habitants de cette planète

    redevenue aussi verte et bleue que les yeux d’Altéa.

     

     

    Podcast diffusé par CANAL + à partir du 28 Octobre 2021.

     

     

     

     

     

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